22 juin 2012

Goûter au parc

Goûter au parc

Le goûter au parc, c'est également un moment de sociabilisation.

Assise sur le même banc qu'une dame âgée, je constate que ma petite sauvageonne observe ma voisine depuis une quinzaine de minutes, sans bouger d'un iota, en fronçant les sourcils et en plissant les yeux. Plongée dans un bon bouquin, je ne prête pas attention à ses grimaces et préfère profiter de ces minutes de calme.

Mais quand je l'entends pleurer d'un coup d'un seul, comme si le ciel lui était tombé sur la tête (ici c'est le pays d'Astérix et ses habitants souffrent des mêmes peurs symptômatiques), telle une louve qui protège ses petits, je bondis.

Après ses longues minutes d'observation, il faut croire que ma princesse au petit pois a analysé que ma pauvre voisine représente un danger pour elle. En tous cas, aucun doute, elle est pétrifiée.
Une fois dans mes bras, contrairement à son habitude, elle ne se calme pas. Elle ne quitte pas des yeux la petite dame qui, quant à elle, ne cache pas son désespoir de faire si peur à un bébé.

Ballotée entre la pitié de cette dame toute triste et la compassion pour mon bébé qui semble vivre une angoisse terrifiante, je décide de réconcilier les deux générations.
"Oh vous savez Madame, ne vous inquiétez pas, ne le prenez pas pour vous, c'est l'âge où les bébés découvrent que tout le monde n'est pas papa et maman..." (Tu parles, c'est juste que ta tête ne lui revient pas ...)
"Oh regarde mon bébé la belle voiture qui passe pas loin ! Ca ne t'intéresse pas ? Tiens prends donc ce petit lion dans tes mains! Tu n'en veux pas ? Attrape cette petite cuiller !..." Rien à faire, elle est toujours fixée sur l'ancienne.

Là je panique. C'est quoi son problème ?

Je suis sans doute trop indulgente. Je tente une autre méthode, en clamant bien haut et bien fort pour que ma voisine entende elle aussi le message (j'ai toujours dans l'idée de ne froisser personne...) :
"Ca suffit petite sauvage, la dame est très gentille (j'insiste...), tu peux lui faire des sourires et lui montrer comme tu es mignonne. Ce n'est pas gentil de la regarder comme ça. La dame serait très contente si tu lui parlais..."
Je patauge. La dame en question sombre de plus en plus: trop fatiguée pour changer de banc, elle se décale petit à petit à l'extrémité du mien. Je vois bien que mon bébé n'est pas plus rassurée: elle a toujours ses petits yeux plissés et ses sourcils froncés (trop mignon).

Ne sachant plus par quel bout la calmer, j'oublie un instant l'apprentissage théorique de la sociabilisation. Je laisse ma petite fille tranquille et tente de recoller les morceaux avec l'autre génération. Se lance alors une discussion sur tout et rien, nous parlons à bâtons rompus de la pluie et du beau temps (sujet très en vogue dès que les températures ne sont pas de saison).
Sans y faire attention, ma petite s'est ouverte et la voilà qui gazouille et raconte sa vie à ma nouvelle copine, tout en lui montrant ses plus beaux sourires.

D'accord mon bébé, la leçon est retenue: mieux que les discours, il y a l'exemple !

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