28 févr. 2013

Déménagement

Déménagement

Très précocement séduite par la physique aristotélicienne, ma petite apprentie philosophe appréhende la nature à travers le mouvement qu'elle occasionne dans ma cuisine.
Il n'y a que deux tiroirs auxquels elle a le droit de toucher. De temps en temps elle tente, c'est si tentant, une approche stratégique pour ouvrir la porte d'un placard interdit. Tout en touchant ledit placard, elle m'observe du coin de l'oeil, l'air de rien, espérant une trêve de l'interdiction. J'ai l'oeil ma fille ! Elle a beau me faire les yeux doux, même pour ses beaux yeux je ne cède pas, et s'il le faut, elle le sait, mes gros yeux elle verra.
Sans me quitter du regard, elle s'attaque alors à "ses" tiroirs et les vide ardemment de leurs contenus. En quelques minutes ma cuisine ressemble à un champ de bataille: jonchent sur le sol des serviettes et des torchons, barricadant le passage à mon rouleau à patisserie; sursautent ça et là des moules à gâteaux en plastique rebondissant; se retrouvent épars pommes de terre et oignons sortis de leur panier; tapissent mon carrelage les objets les plus insolites; échouent malheureusement balai et serpillère au milieu de ce vacarme silencieux.
A ce moment-là je rêve de l'intervention de Mary Poppins, d'un balai magique ou encore d'un bébé qui range tout autant qu'il dérange. Courage, on y arrive: ma déménageuse se prête très volontiers au "jeu du rangement". Ce qu'elle préfère c'est ramasser puis jeter les épluchures d'oignon dans la poubelle. A moi d'avoir un peu de souplesse, car il a ensuite fallu que je ressorte quelques oignons perdus au milieu des déchets...

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